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Opticiens et «spécialistes» de l'informel se livrent une véritable guerre froide
Au Maroc les hostilités sont décidément ouvertes entre ophtalmologues et opticiens, d'une part, et entre bricoleurs et commerçants de l'informel, de l'autre. La montée de la contrefaçon, conjuguée à la floraison du secteur de l'optique lunetterie en cette saison estivale, installe un climat de guerre silencieuse, qui revêt diverses formes et engendre d'importants dégâts.
Le marché de lunettes médicales et de soleil semble de plus en plus réduit à la vente sauvage. Selon les professionnels, plus de 80 pc des lunettes commercialisées ne sont pas conformes aux normes standard du métier, en premier lieu celles de santé et d'assurance.
Et pour cause, la contrefaçon mine un marché paradoxalement en pleine expansion, ou les paires de lunettes et autres montures, fabriquées par des "spécialistes" de la contrefaçon, s'adjugent une place de choix aux côtés de celles du marché formel et des enseignes internationales, destinées a une élite avertie.
Face a cette anarchie régnante, les opérateurs mettent en garde contre le maintien de ce laisser-aller. "Des concurrents -du secteur de l'informel- installés en bonne place à Derb Ghellaf a Casablanca remplissent des mutuelles, et les clients se font rembourser auprès des compagnies d'assurances", s'insurge un opticien.
Auprès de certaines compagnies, révèle-t-il, les remboursements sont effectués sur la base de factures émanant d'opticiens diplômés et autorisés a exercer le métier. Selon ce jeune opticien, le remède est simple: une loi plus vigoureuse pénalisant les contrefaceurs et une action volontariste d'information et de sensibilisation.
Mais devant un espace ouvert sur le "business de pacotille ", nombreux sont les opérateurs et observateurs qui partagent un sentiment d'impuissance. Les flots de marchandises contrefaites, provenant parfois de pays lointains comme la Chine ou Thaïlande, "rendent le marché encore plus vulnérable". "Il n'y aurait donc rien a faire contre ce fléau", regrette pour sa part Chakib, un ophtalmologue casablancais, en exercice depuis une dizaine d'années.
Mais force est de constater, selon lui, qu'une certaine prise de conscience commence a faire son chemin: les consommateurs sont de plus en plus avertis quant a l'importance de la santé des yeux. Mais "d'ici la, le marché restera en proie a cette guerre froide, a facture économique et surtout sociale des plus lourdes", avertit-il.
Bien que perceptible chez certains clients, la préoccupation concernant la santé des yeux est loin de faire le poids face au rapport qualité prix. "Ces lunettes bon marché me permettent de joindre l'utile a l'agréable et de suivre les tendances de la mode, sans pour autant creuser mon budget ", estime un jeune client de la place.
Si certains consommateurs semblent être conscients en faisant appel a des spécialistes pour l'achat de lunettes médicales, d'autres par contre ne trouvent aucune différence entre opticiens et vendeurs de l'informel.
A Derb Ghellaf, a titre d'exemple, l'acheteur se trouve devant un embarras de choix: des lunettes de toutes marques et a des prix défiant toute concurrence, a partir généralement de 20 DH. "Je travaille en tant qu'opticien depuis plus de trente ans", souligne un vendeur. Sa boutique regorge de montures de lunettes médicales et de soleil. Une fois a l'intérieur du local, l'on peut repérer un atelier de conception de verre et de réparation de montures.
Pour ce "spécialiste" clandestin, la qualité des lunettes est une "évidence bien établie", nonobstant les mauvaises conditions de travail et le manque d'équipements de qualité. En témoigne, selon lui, la capacité des commerces de Derb Ghellaf de drainer une grande clientèle qui n'est pas forcément sans exigences de mode ou de qualité.
"Nous offrons une gamme diversifiée de lunettes de soleil et médicales conformes aux standards en vigueur, moyennant des prix abordables, les clients mutualistes pouvant aussi bénéficier de nos services", affirme Mlle Zhour, gérante d'une boutique a Derb Ghellaf.
"Nous nous approvisionnons auprès des mêmes fournisseurs que nos concurrents", confie-t-elle, arguant que la qualité de ses produits est "irréprochable" aux yeux de la majorité de ses clients.
Pourtant, pour Chakib M., le verre doit absolument être centré et répondre a certaines caractéristiques de montage que "seul un opticien diplômé est en mesure d'exécuter". Pour les verres progressifs (des lunettes a multiples foyers), par exemple, le centrage est un petit couloir difficile a réaliser par un non diplômé. "Les commerçants de l'informel peuvent contrôler la puissance du verre mais pas le centrage".
"Les consommateurs pensent faire une bonne affaire en s'approvisionnant dans le secteur informel, alors qu'ils peuvent être mieux servis avec un centrage quasi-parfait en plus du service après-vente", ajoute ce praticien. Pour lui, les "non opticiens" peuvent a la limite commercialiser les montures mais pas les verres, la santé des citoyens étant en jeu.
Par ailleurs, les opérateurs du marché de lunetterie se heurtent a une autre problématique: la baisse des prix due a une réduction substantielle des droits de douane sur les montures. Au grand bonheur des petites bourses, le marché regorge de montures de qualité a des prix très abordables.
Autre aspect de cette guerre froide qui ronge le secteur, la concurrence parfois déloyale que se livrent les professionnels eux-mêmes, souvent assimilée a un basculement dans le commerce de contrebande.
"Loin de pâtir de pratiques de contrefaçon, nous nous trouvons confrontés plutôt a une concurrence illégale menée par certains opérateurs ", s'indigne Nezha, opticienne exerçant dans une franchise d'une enseigne internationale implantée au Maroc.
opérateurs ", s'indigne Nezha, opticienne exerçant dans une franchise d'une enseigne internationale implantée au Maroc.
Devant la montée de la contrefaçon, dit-elle, ceux-ci n'hésitent pas a "casser les prix et a enfreindre la réglementation en vigueur pour écouler un produit parfois peu regardant sur les standards de qualité".
Confiante, elle assure que "la clientèle de cette multinationale est une clientèle attentive, avertie et ostensiblement exigeante sur la qualité".
"Nous vendons notre label et nous veillons a sauvegarder notre crédit", affirme cette opticienne.
Tiraillée entre mode et contrefaçon, le consommateur demeure, sans nul doute, maître du jeu d'un marché largement investi et visiblement convoité par les multinationales.
source: MAP
Au Maroc les hostilités sont décidément ouvertes entre ophtalmologues et opticiens, d'une part, et entre bricoleurs et commerçants de l'informel, de l'autre. La montée de la contrefaçon, conjuguée à la floraison du secteur de l'optique lunetterie en cette saison estivale, installe un climat de guerre silencieuse, qui revêt diverses formes et engendre d'importants dégâts.
Le marché de lunettes médicales et de soleil semble de plus en plus réduit à la vente sauvage. Selon les professionnels, plus de 80 pc des lunettes commercialisées ne sont pas conformes aux normes standard du métier, en premier lieu celles de santé et d'assurance.
Et pour cause, la contrefaçon mine un marché paradoxalement en pleine expansion, ou les paires de lunettes et autres montures, fabriquées par des "spécialistes" de la contrefaçon, s'adjugent une place de choix aux côtés de celles du marché formel et des enseignes internationales, destinées a une élite avertie.
Face a cette anarchie régnante, les opérateurs mettent en garde contre le maintien de ce laisser-aller. "Des concurrents -du secteur de l'informel- installés en bonne place à Derb Ghellaf a Casablanca remplissent des mutuelles, et les clients se font rembourser auprès des compagnies d'assurances", s'insurge un opticien.
Auprès de certaines compagnies, révèle-t-il, les remboursements sont effectués sur la base de factures émanant d'opticiens diplômés et autorisés a exercer le métier. Selon ce jeune opticien, le remède est simple: une loi plus vigoureuse pénalisant les contrefaceurs et une action volontariste d'information et de sensibilisation.
Mais devant un espace ouvert sur le "business de pacotille ", nombreux sont les opérateurs et observateurs qui partagent un sentiment d'impuissance. Les flots de marchandises contrefaites, provenant parfois de pays lointains comme la Chine ou Thaïlande, "rendent le marché encore plus vulnérable". "Il n'y aurait donc rien a faire contre ce fléau", regrette pour sa part Chakib, un ophtalmologue casablancais, en exercice depuis une dizaine d'années.
Mais force est de constater, selon lui, qu'une certaine prise de conscience commence a faire son chemin: les consommateurs sont de plus en plus avertis quant a l'importance de la santé des yeux. Mais "d'ici la, le marché restera en proie a cette guerre froide, a facture économique et surtout sociale des plus lourdes", avertit-il.
Bien que perceptible chez certains clients, la préoccupation concernant la santé des yeux est loin de faire le poids face au rapport qualité prix. "Ces lunettes bon marché me permettent de joindre l'utile a l'agréable et de suivre les tendances de la mode, sans pour autant creuser mon budget ", estime un jeune client de la place.
Si certains consommateurs semblent être conscients en faisant appel a des spécialistes pour l'achat de lunettes médicales, d'autres par contre ne trouvent aucune différence entre opticiens et vendeurs de l'informel.
A Derb Ghellaf, a titre d'exemple, l'acheteur se trouve devant un embarras de choix: des lunettes de toutes marques et a des prix défiant toute concurrence, a partir généralement de 20 DH. "Je travaille en tant qu'opticien depuis plus de trente ans", souligne un vendeur. Sa boutique regorge de montures de lunettes médicales et de soleil. Une fois a l'intérieur du local, l'on peut repérer un atelier de conception de verre et de réparation de montures.
Pour ce "spécialiste" clandestin, la qualité des lunettes est une "évidence bien établie", nonobstant les mauvaises conditions de travail et le manque d'équipements de qualité. En témoigne, selon lui, la capacité des commerces de Derb Ghellaf de drainer une grande clientèle qui n'est pas forcément sans exigences de mode ou de qualité.
"Nous offrons une gamme diversifiée de lunettes de soleil et médicales conformes aux standards en vigueur, moyennant des prix abordables, les clients mutualistes pouvant aussi bénéficier de nos services", affirme Mlle Zhour, gérante d'une boutique a Derb Ghellaf.
"Nous nous approvisionnons auprès des mêmes fournisseurs que nos concurrents", confie-t-elle, arguant que la qualité de ses produits est "irréprochable" aux yeux de la majorité de ses clients.
Pourtant, pour Chakib M., le verre doit absolument être centré et répondre a certaines caractéristiques de montage que "seul un opticien diplômé est en mesure d'exécuter". Pour les verres progressifs (des lunettes a multiples foyers), par exemple, le centrage est un petit couloir difficile a réaliser par un non diplômé. "Les commerçants de l'informel peuvent contrôler la puissance du verre mais pas le centrage".
"Les consommateurs pensent faire une bonne affaire en s'approvisionnant dans le secteur informel, alors qu'ils peuvent être mieux servis avec un centrage quasi-parfait en plus du service après-vente", ajoute ce praticien. Pour lui, les "non opticiens" peuvent a la limite commercialiser les montures mais pas les verres, la santé des citoyens étant en jeu.
Par ailleurs, les opérateurs du marché de lunetterie se heurtent a une autre problématique: la baisse des prix due a une réduction substantielle des droits de douane sur les montures. Au grand bonheur des petites bourses, le marché regorge de montures de qualité a des prix très abordables.
Autre aspect de cette guerre froide qui ronge le secteur, la concurrence parfois déloyale que se livrent les professionnels eux-mêmes, souvent assimilée a un basculement dans le commerce de contrebande.
"Loin de pâtir de pratiques de contrefaçon, nous nous trouvons confrontés plutôt a une concurrence illégale menée par certains opérateurs ", s'indigne Nezha, opticienne exerçant dans une franchise d'une enseigne internationale implantée au Maroc.
opérateurs ", s'indigne Nezha, opticienne exerçant dans une franchise d'une enseigne internationale implantée au Maroc.
Devant la montée de la contrefaçon, dit-elle, ceux-ci n'hésitent pas a "casser les prix et a enfreindre la réglementation en vigueur pour écouler un produit parfois peu regardant sur les standards de qualité".
Confiante, elle assure que "la clientèle de cette multinationale est une clientèle attentive, avertie et ostensiblement exigeante sur la qualité".
"Nous vendons notre label et nous veillons a sauvegarder notre crédit", affirme cette opticienne.
Tiraillée entre mode et contrefaçon, le consommateur demeure, sans nul doute, maître du jeu d'un marché largement investi et visiblement convoité par les multinationales.
source: MAP
